Johanna Kyrklund, directrice de l’information chez Schroders, avertit les investisseurs de deux risques majeurs qui pourraient être déterminants pour les rendements des investissements en 2025 : la hausse des taux d’intérêt sur le marché des capitaux et la concentration du marché dans un nombre très limité de géants de la technologie.
Taux d’intérêt du marché des capitaux
Les taux d'intérêt sur le marché des capitaux demeurent un point d’attention essentiel pour les investisseurs.
Bien que l’inflation semble se stabiliser sur certains marchés, des évolutions économiques ou monétaires inattendues pourraient entraîner de nouvelles hausses des taux d’intérêt. Cela affecte non seulement les marchés obligataires, mais aussi les valorisations d’autres classes d'actifs.
Selon Kyrklund, les valorisations des actions pourraient se maintenir tant que les taux obligataires ne connaissent pas des augmentations trop importantes. Toutefois, sachant que le taux des obligations d’État américaines à 10 ans se situe actuellement aux alentours de 4,8 %, les investisseurs s’orientent vers un domaine plus dangereux en ce qui concerne les valorisations des actions par rapport aux obligations. Des taux obligataires plus élevés peuvent attirer des capitaux sur le marché des actions tout en augmentant les coûts des financement pour les entreprises.
Après avoir prédit pendant quelques années un ralentissement ou une récession aux États-Unis, la plupart des commentateurs du marché sont actuellement confiants quant aux perspectives de l’économie américaine. À l’inverse, cela pourrait suggérer un certain allègement des taux obligataires à court terme, d’autant plus que des baisses des taux d’intérêt américains sont pratiquement exclues en 2025. Cependant, les taux d’intérêt des obligations demeurent un risque à surveiller pour l’année à venir. Selon Kyrklund, il est essentiel que les investisseurs soient conscients de l’impact potentiel de la hausse des taux d’intérêt sur les différentes composantes de leurs portefeuilles.
Concentration du marché
Le deuxième défi est le niveau de concentration des indices pondérés par la capitalisation boursière. Johanna Kyrklund : «Chez Schroders, lorsque nous comparons l’environnement de ces dernières années à celui de l’ère des dotcom de la fin des années 1990, nous estimons que la forte croissance des bénéfices des valeurs technologiques à forte capitalisation au cours du cycle actuel a été bien différente de celle de la bulle spéculative de 1999/2000. »
« À l’époque, les valorisations n’étaient pas fondées », explique Kyrklund. « Cette fois, bon nombre des grandes entreprises technologiques américaines affichent des bénéfices qui justifient leur valorisation. Néanmoins, un faux pas de l’un de ces géants poserait un risque pour les performances de l’ensemble du marché, compte tenu de leur position dominante dans les principaux indices. En fait, le niveau de concentration des indices est nettement supérieur à celui de la fin des années 1990. En termes de portefeuille, il ne semble pas judicieux d’avoir une exposition aussi importante à une poignée d'actions seulement. »
De plus, la dynamique de chacun de ces « Sept Magnifiques » est sensiblement différente. Les traiter comme un bloc homogène revient à sous-estimer les différents moteurs d'activité de ces entreprises individuelles. Compte tenu de la concentration du marché, ce n'est pas le moment de prendre des risques irréfléchis, avertit Kyrklund.
Ces risques aux États-Unis s’appliquent également à d’autres marchés. La concentration du marché est comparativement élevée en Europe et au Japon. Les investisseurs qui continuer de miser sur les « gagnants » du passé commencent déjà à manquer des opportunités. Depuis l’été 2024, nous constatons un parcours beaucoup plus intéressant pour les marchés, avec des performances différentes selon les secteurs.
Préparés pour faire face à l’incertitude
Pour faire face à ces risques, Kyrklund souligne l’importance d’une gestion active des portefeuilles et d'une perspective à long terme. « Bien qu’il puisse être tenant de réagir aux fluctuations à court terme, la discipline et la diversification restent des principes essentiels pour un investissement réussi, » indique Kyrklund. Elle souligne encore que, en cette période de défis économiques et de marché, il est crucial de rester flexible et vigilant.
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